mercredi 18 juillet 2012

Une soirée à la foire


Certaine Dame un jour a fait remarquer, que les fêtes foraines sont toujours sinistres en fiction. On pense à Hitchcock, à l'Inconnu du Nord-Express, son assassin parmi la foule et le duel final sur un manège fou. On pense à Pinocchio, au terrifiant parc d'attraction où les enfants sauvages et désobéissants sont transformés en ânes.

Il en est une au Midi, tous les étés depuis l'an 1880. Elle a une histoire, l'histoire de familles qui possèdent les baraques de génération en génération, des dynasties foraines avec leurs patriarches et leurs héritiers. Elle a des parfums : caricoles et smoutebollen, frites et barbe-à-papa. Elle a une musique à elle, faite de chansons ringardes et de dance remixée, des sirènes des manèges, des appels des forains, des cris des visiteurs (surtout ceux sur les trucs de ouf). Elle possède l'art de réveiller les souvenirs. Souvenirs d'enfance, de premiers flirts, de saveurs, d'odeurs. Et des grands frissons, à l'âge où l'on ose tout :

- Chiche que t'es pas cap'!
- J'suis cap'! Et tout de suite encore!
- (Oh maman! Mais qu'est-ce que je fais là?! Mais qu'est-ce qui m'a pris?!)
 
On croise des jeunes couples en balade, des familles, des parents aux aguets, des enfants excités. Des jeunes filles en essaims colorés, ou deux par deux, trois par trois, bras dessus, bras dessous, interpellées par les forains : « Venez, tentez votre chance. Ici, les belles gagnent à tous les coups! ». Des jeunes mâles qui prennent l'air affranchi et roulent des mécaniques en croisant ces belles-ci, qui testent leur force sur des machines à boxer, qui veulent, à tout prix, prouver qu'ils sont cap'.

Et parfois, un peu perdue, un peu à part, tournant les yeux partout sans croiser un regard, isolée au milieu des chalands qui s'ébattent, une vieille dame vient tromper sa solitude en grignotant des beignets saupoudrés de sucre glacé.

J'y fus flâner ce soir. Je n'ai pas croisé le tueur, ce n'est pas moi qu'il cherchait. J'ai laissé les frissons aux autres (j'ai donné, ma foi, déjà bien donné. J'étais cap'). J'ai tenu la main d'un petit garçon qui voulait tout voir et tout essayer (sauf les trucs de ouf. Avec la sagesse des enfants, il n'a pas encore l'âge où l'on croit qu'on est cap').

Il y avait des manèges à l'ancienne,


des grands classiques,


des trucs de ouf,


et une attraction à laquelle aucun môme ne résiste, et la môme en moi qui ne dort jamais trépignait de rage, parce que je suis trop grande pour pouvoir y monter.






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