vendredi 20 juillet 2012

Les bons et les méchants


Les contes de fées sont binaires, c'est pourquoi les enfants les comprennent. Ils mettent en scène des bons et des méchants, nets et bien reconnaissables. Voyez comme nous vivons un beau conte : dans le monde réel aussi à présent, à ce qu'il paraîtrait, on reconnait facilement les bons et les méchants.

Il était une fois, en un certain royaume, un peuple épris de liberté écrasé par un méchant tyran. Dans un autre royaume, à l'autre bout du monde, vivait un bon roi qui régnait sur un peuple barbare et qui tentait vainement de le civiliser.

Voici les bons. Ce sont des gens pleins d'humour et de courage qui se dressent comme un seul homme pour renverser le méchant roi-sorcier.

Voilà les méchants. Ce sont des gauchistes hystériques qui ont ruiné le pays avec leurs exigences irréalistes de sécurité sociale, de salaires, de retraites, d'allocations en tout genre et qui refusent les nécessaires réformes, l'indispensable modernisation de l'économie et les plans nobles et courageux mis au point au milieu d'énormes difficultés par la bonne fée Europe, le noble mage Fmi et leur bienveillant souverain pour sortir le pays du gouffre où ces fainéants de tricheurs l'ont plongé.

... heu ... pardon, je me trompe, toutes mes excuses.

Donc ici, aurais-je du dire, ce sont les bons, c'est à dire un roi intègre et désintéressé, avec son entourage de fidèles dont le courage ne faiblit pas devant la menace de la foule de va-nu-pieds déchainés, la bave au lèvre et le couteau entre les dents, prêts à massacrer la noblesse avec leurs grosses mains sales de mineurs de charbon, et à piller les supermarchés comme s'ils n'étaient qu'un vulgaire palais de Versailles.

Et vous avez le méchant, le vilain roi-sorcier qui tient son peuple dans un hideux esclavage et réprime sauvagement toute légitime manifestation de désespoir.

Mais n'ayez crainte, dans les contes de fées, le bon gagne toujours. Dans le monde réel, hélas, nous savons tous qu'il n'en est rien. C'est pourquoi tant de princesses et de rois de nos jours, comme des enfants craintifs, préfèrent fermer les yeux et croire aux contes de fées.


Est-il besoin de préciser?
Tout ceci est second degré.

4 commentaires:

  1. Il n'y a pas de bons, il n'y a pas de méchants, dans la vraie vie. Il peut y avoir des amis, et des ennemis, des hors-la-loi, et des gens respectueux des règles. mais pas des bons, ni des méchants.

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  2. Rien que des gens, Dame Lamberte, des gens avec leur côté clair, leur côté obscur, et leur côté gris-crépuscule. Des gens qu'on aime ou qu'on n'aime pas, qui ont raison un jour et tort le lendemain, et qui pètent les plombs parfois. C'est à cause de ça que l'on confond parfois. ;-) Mais ça, c'est la vraie vie. Pas les spectacles d'actions et de suspense qui passent à la télé, dans les séries "News" et "JT".

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  3. Pourtant, quelquefois, on regrette...
    J'ai regretté, en lisant le Seigneur des Anneaux.
    J'ai regretté que, dans la vraie vie, aucun chef de guerre n'ait renvoyé les soldats trop terrifiés pour se battre, pour se faire massacrer... pour rien. Et qu'au contraire, ils aient décimé (au sens propre du terme) les régiments.
    Aragorn n'existe pas, surtout en temps de guerre...

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    1. Sauf en littérature - et en propagande - la guerre n'est pas affaire d'honneur. Pour ceux qui la déclarent, c'est affaire de pouvoir et d'avidité. Pour ceux qui la font, pour le biffin de base, c'est affaire de survie - des deux côtés d'ailleurs. Pour les civils qui la subissent aussi. C'est affaire de débrouille quotidienne et de larmes et de deuil.

      Non, pour moi, les chefs de guerre, les chefs d’État, leurs séides appointés et leurs généraux étoilés, peuvent bien tous aller se faire pendre. Des deux côtés d'ailleurs. Et mon anecdote guerrière préférée, c'est celle où durant la Grande, la Première, les poilus allemands et les moujiks russes sont sortis des tranchées pour fraterniser, se serrer dans les bras, et dessouder leurs officiers respectifs. Et je rêve qu'elle se reproduise, partout, toujours.

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