L'Angleterre a au moins deux très bonnes
raisons de sombrer dans la paranoïa à l'approche des jeux : les
attentats de Londres
en 2005, et les attentats de Munich en 1972. Pour ces motifs et ceux exposés dans le billet précédent, l'Angleterre donc a fait logiquement appel,
pour un montant équivalent à 360 millions d'Euros, (dans un pays
endetté fin 2011 à hauteur de 497% de son PIB, mais toujours noté AAA. C'est ce qu'on appelle l'humour anglais),
à une société de sécurité privée pour assurer celle des
JO. Erreur fatale, fiasco lamentable, qui oblige le pays à rameuter
d'urgence l'arrière-ban, les réservistes et les cantinières pour
pallier aux lacunes de la si prestigieuse entreprise privée, - mais
qui a le mérite de prouver (une fois de plus) au moins une chose à la face du monde :
le secteur privé est capable de faire pire, plus cher et moins
performant que l’État.
Mais laissons ces détails, l'important
est ailleurs.
Et voici l'important :
En théorie, dans un monde
démocratique, pour entrer dans la police ou la gendarmerie, il faut
un minimum de compétences. Pas un QI d'ingénieur, n'exagérons rien,
mais au moins :
- une bonne condition physique,
- quelques techniques martiales qui permettent d'immobiliser un suspect sans (de préférence) (trop) l'estourbir,
- une certaine expérience et l'œil exercé qu'il faut pour distinguer au milieu d'une foule en délire, l'individu suspect, vêtu d'un long imperméable sombre, porteur d'un chapeau crânement enfoncé sur les yeux, de lunettes noires, d'une (fausse) barbe et d'un paquet qui fait tic-tac,
- et une formation, - même minime, même superficielle, même juste une demi-journée, - en gestion des situations de crises.
Parce que vous et moi, en situation de
crise, - oh! nous pouvons toujours dans nos rêves imaginer que nous
serons héroïques, - mais il y a de fortes chances, si l'on n'est
pas mort sur le coup et qu'on a encore nos deux jambes, pour qu'on se mette simplement à hurler en
courant dans tous les sens. On n'imagine donc pas, alors que le pays
redoute une explosion nucléaire en plein village olympique, le chef
de la police ou un général de brigade de la gendarmerie se rendre
sur la place du marché pour y louer à la criée deux filles de
ferme, un vieux berger et trois journaliers pour faire l'appoint si
les bras manquent.
La société de sécurité privée en
question, si. Je cite Florentin Collomp
:
« Pour ces jobs temporaires, la société a ciblé en particulier des chômeurs, des retraités ou des étudiants. Mais, peu motivées par une rémunération de 8,50 livres de l'heure (10,80 euros), les personnes recrutées ont souvent failli à se présenter là où elles étaient attendues. Plusieurs mois s'étant passés entre leur formation et le début du travail, elles ont pu trouver mieux en attendant. ».
Privatiser la sécurité
publique, est-ce vraiment une bonne idée? Surtout dans de telles
conditions?
Peu après l'Angola, l'Angleterre découvre à son tour un des petits inconvénients
mineurs mais enquiquinants, liés à une politique systématique de
bas salaires et d'exploitation outrancière de la main d'œuvre.
C'est l'amusant de la chose.
Amusant et stupéfiant par ailleurs est
le fait qu'un tel article soit publié dans Le Figaro! Soit le
journaliste va se faire jeter, soit le propriétaire du journal
a viré sa cuti, soit la vieille haine atavique franco-anglaise leur
fait oublier toute logique éditoriale. (Soit aussi, aucun des deux n'a compris la portée potentiellement révolutionnaire de l'article.)
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