lundi 20 août 2012

Pussy Giuliani


A Moscou trois jeunes femmes, particulièrement vivantes, excentriques et courageuses, ont joué les polissonnes, apparaissant nues et mimant des actes sexuels en public, chantant et dansant la provoc' dans des lieux incongrus. Elles ont troublé un lieu sacré, elles ont défié le Pouvoir, elles ont montré leurs fesses aux maîtres. De jolies fesses fraiches, rondes et joyeuses, qui aiment la vie, la danse et l'amour. Pas bien pire que ce que les années '60 et '70 avaient déjà montré.

A Seattle, voici treize ans déjà, des foules colorées, bariolées, jouaient les polissonnes, envahissant les rues en marge de la grand-messe, sur le parvis vénérable de la Grande Église du Commerce Sacré, la Très-Sainte OMC, les mystères révélés du libéral-socialisme (socialisme pour les riches : à eux les aides d'État. Libéralisme pour les pauvres : marche ou crève). Ils ne montrent pas leurs fesses, ils se déguisent en clown, ils chantent et ils dansent. Ils troublent le lieu sacré, ils défient le Pouvoir.

Deux ans après Seattle, il y eut Gênes, et le pouvoir bien propre, costumé, cravaté, rasé de près et parfumé montra son cul au peuple,  un vilain cul triste et bien sale et puant, qui n'aime que le contrôle, l'argent et la domination. On provoque, on crée des incidents, on matraque ceux qui ripostent.  On attaque en pleine nuit des rebelles endormis. Les gens tabassés, gazés, blessés, leurs caméras détruites. Les filles déshabillées. Mais de force cette fois : l'ordre règne et la loi triomphe.

Un tir à balles réelles. Un mort. Un assassin libre et blanchi. Des hooligans assermentés portant casque et armure, impunis et félicités.

Les Pussy ont chanté un an. Condamnées à deux ans de camp. Au bagne mais vivantes. Elles reviendront danser.
Carlo Giuliani est mort. Il ne reviendra pas, il ne dansera plus.

Petit jeu interactif : la démocratie se cache dans ce décor. Sauras-tu la retrouver?


6 commentaires:

  1. La dernière phrase est pas mal :)

    J'y étais à Gênes en 2001, c'est vrai que ça avait marqué les esprits. Aussi par ce décor de destruction les blacks blocks qui à l'époque brûlaient les voitures (pas bien) mais aussi les banques (ils auraient peut être du finir le travail à grande échelle finalement!)

    C'était avant le 11 Septembre, qui allait bouleverser le Monde, le début de la crise actuelle, et ça n'est pas un hasard. En même temps c'était hélas aussi la fin d'un rêve, celui de voir les mouvements altermondialistes prendre le dessus sur le système...

    RépondreSupprimer
  2. Merci Roger.

    En effet, 2001 à tous points de vue a marqué l'entrée dans l'angoissant 21e siècle et sonné le glas des espoirs des altermondialistes. Annus horribilis.

    RépondreSupprimer
  3. Aucune cause n'est perdue, tant qu'il reste quelqu'un pour se battre pour elle...

    Enfin, c'est ce que j'essaie de croire.

    RépondreSupprimer
  4. Socialisme pour les riches : Arnault vient à Uccle, qui a bâti sa fortune sur le rachat grâce à des fonds d'Etat (socialiste, l'Etat) et le démentèlement de Boussac.
    Libéralisme pour les pauvres : bizarrement, les aides sociales uccloises ont sacrément baissé depuis... l'installation, en 2011, de Mr. Arnault.
    Je ne prétends pas que c'est à cause de Mr. Arnault. Juste à cause d'un état d'esprit.

    RépondreSupprimer
  5. @Lambertine

    Dans le même ordre d'idées : http://mediatheque.lesoir.be/v/le_kroll/46sept1912.jpg.html

    Comme quoi on peut encore en rire (quoique ça ne fera pas tellement rire les sidérurgistes liégeois, je pense).

    RépondreSupprimer
  6. On peut en rire... jaune (en fait, j'en ai ri, les larmes aux yeux)

    RépondreSupprimer